Parmi les problèmes structurels qui affectent le marché du travail espagnol, l’un des plus frappants est le manque de professionnels qualifiés de niveau intermédiaire pour pourvoir certains postes vacants dans les entreprises. Chose particulièrement grave dans un pays qui maintient, selon les données de l’EPA, un taux de chômage de 12,9 % et qui s’envole jusqu’à 29,3 % chez les plus jeunes. Diverses études suggèrent que la moitié des offres d’emploi en Espagne en 2025 seront destinées aux diplômés des cycles de formation et, malgré cela, le taux d’inscription en FP (12%) est inférieur à celui des pays de l’OCDE (29%) et de l’Union européenne ( 25%), selon l’INE.
Ces données soulignent l’urgence de l’élaboration complète de la nouvelle loi sur la formation professionnelle, approuvée par le Parlement en 2022 et dont le règlement est finalisé par l’exécutif afin qu’il entre en vigueur à partir de septembre jusqu’à sa mise en œuvre complète pour l’année universitaire 2024-2025. Le règlement vise à rapprocher la formation professionnelle du monde du travail, l’entreprise s’implique dans la formation des futurs travailleurs et de nouvelles qualifications sont promues dans des domaines jusque-là ignorés, ce qui lui permettra d’être connectée à la réalité du travail et des emplois proposés . Mais le projet ne s’adresse pas seulement aux jeunes, mais aussi aux travailleurs, pour faciliter leur recyclage professionnel. Un système de production en constante évolution, aujourd’hui avec de nouvelles technologies, a besoin d’un modèle flexible et constamment mis à jour.
Une révolution de la formation comme celle-ci nécessite une coordination et une participation notables des agents impliqués et un financement suffisant. Le projet envisage un investissement d’environ 5 500 millions d’euros sur quatre ans, dont une partie avec des fonds européens. Et avec les millions et le nouvel attrait de la formation professionnelle, elle peut devenir une tentation commerciale pour les investisseurs financiers, comme cela s’est produit avec l’université. Ce sont les autorités qui doivent s’assurer que tous les centres qui souhaitent participer au nouveau modèle répondent aux exigences de qualité et d’adéquation requises.
Aucune administration ne devrait épargner des ressources pour un changement qui pourrait être l’un des succès collectifs les plus importants de la société espagnole dans les années à venir. Notamment parce qu’elle a trouvé un large consensus parmi la communauté éducative, les acteurs sociaux, les différentes administrations impliquées et les différents groupes politiques, chose presque inhabituelle aujourd’hui et bien plus encore en matière éducative. Il est temps maintenant que les politiques des différents gouvernements considèrent ce défi comme une affaire d’État, car il l’est vraiment.