« Le vice-doyen aux stages ne sert pas les parents. Tous les étudiants inscrits sont majeurs. » Cette affiche de la Faculté des Sciences Éducatives de l'Université de Grenade (UGR), dont l'image s'est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux, a relancé le débat sur la surprotection de certains parents envers leurs enfants, notamment dans le milieu éducatif.
Pedro Valdivia, vice-doyen de cette faculté et auteur de l'affiche, affirme que son objectif n'est rien d'autre que de « promouvoir l'autonomie des étudiants ». Bien qu’il souligne que les cas de parents qui viennent au centre au nom de leurs enfants sont « totalement isolés », il reconnaît qu’il est parfois nécessaire de rappeler que « la relation académique est entre l’étudiant et l’Université », puisque tous les inscrits sont déjà majeurs.
« Nous comprenons que les familles recherchent toujours les meilleures performances de leurs enfants, et c'est aussi ce que nous recherchons : nous voulons les accompagner, les guider, dialoguer avec eux et favoriser leur croissance académique et personnelle », explique Valdivia, qui rappelle que ceux qui « survolent » leur progéniture pour les protéger « sont les moindres » et que, heureusement, la majorité des étudiants « résolvent eux-mêmes leurs problèmes » avec les différents départements universitaires.
José Ángel Morales García, professeur de neurosciences à l'Université Complutense de Madrid (UCM), est d'accord avec lui : « Même si au cours de mes années de profession j'ai tout vu, je dois aussi admettre qu'il s'agit de cas isolés ; la majorité des étudiants sont autonomes », dit-il. Chaque année, Morales donne des cours à environ 300 ou 400 étudiants : « Avec un nombre aussi élevé, il est normal de rencontrer des situations marquantes ».
Parmi eux, il se souvient de celui d’un père qui est venu à la fin d’un examen et lui a demandé « de le répéter un autre jour à sa fille, parce que la fille n’avait pas pu dormir de la nuit à cause de la nervosité, comme le reste de ses camarades de classe, mais elle n’était pas venue ». Celui également de certains élèves ayant assisté à la révision d'un examen avec leurs parents. « Dans ces cas-là, j'explique à la mère qu'il faut favoriser le raisonnement critique de l'élève, que c'est lui qui réfute une correction, pas ses parents. »
Dans ce débat, certains ont pris la défense des étudiants qui se tournent vers leurs parents pour tenter de résoudre ce qu'ils considèrent comme des « erreurs impardonnables » de l'université. « Si ce sont les parents qui paient les études universitaires de leurs enfants [estos deben] être informé de la productivité de cet investissement », indique un compte sur les réseaux sociaux.
Contreproductif pour le développement
La psychologue Beatriz Valderrama, experte en intelligence émotionnelle, souligne que ces actions des parents sont « contre-productives » car elles empêchent le « développement des capacités » des jeunes et « limitent leur autonomie ». Il comprend que les parents le font « avec les meilleures intentions », mais il soutient que le plus positif est de « les laisser assumer et gérer leurs propres défis », même lorsqu'ils sont enfants et adolescents.
Pour favoriser « l’auto-efficacité » des jeunes, il est essentiel de « leur permettre d’essayer et de commettre des erreurs », explique Valderrama. Autrement, les enfants « deviennent de plus en plus dépendants et ne mûrissent pas ». Le médecin regrette cependant qu'il s'agisse d'une tendance croissante dans des sociétés au niveau de bien-être élevé, où « les enfants sont de moins en moins habitués à gagner leur vie » et où les parents « veulent éviter toute souffrance à leurs enfants ».
« Il est très important que les parents ne deviennent pas obsédés par l’idée d’empêcher leurs enfants de commettre les erreurs qu’ils ont eux-mêmes commises dans le passé », souligne-t-il. «Ils doivent les laisser affronter les défis quotidiens, même s'ils croient pouvoir les résoudre beaucoup mieux, afin que plus tard ces jeunes soient capables d'assumer les complications qui viendront dans leur vie dans le futur», souligne-t-il.
Le débat suscité par la mesure annoncée par l'Université de Grenade met sur la table le harcèlement dont souffrent certains enseignants de la part des parents, même lorsque les étudiants sont déjà en années universitaires, et rouvre la question de savoir s'il convient d'établir davantage de mécanismes juridiques pour éviter ce type d'ingérence.