Le sénateur brésilien Flávio Bolsonaro, fils aîné de l'ancien président d'extrême droite, a publiquement encouragé jeudi les États-Unis à étendre à son pays natal, le Brésil, la campagne d'attaques militaires entreprises dans les eaux du Venezuela et de la Colombie contre des navires censés transporter de la drogue. Le message du parlementaire, publié dans X, fait écho à un article du secrétaire américain à la Guerre, Pete Hegseth, sur la dernière attaque. Et il dit en anglais : « Comme c'est envieux ! J'ai entendu dire qu'il y avait des navires comme celui-ci à Rio de Janeiro, dans la baie de Guanabara, qui inondaient le Brésil de drogue. Ne veux-tu pas passer quelques mois ici et nous aider à combattre ces organisations terroristes ? »
Cet appel intervient alors que la diplomatie brésilienne travaille dur pour que les présidents Trump et Lula tiennent leur première réunion bilatérale. Ce serait dimanche, en Malaisie, dans le cadre du sommet de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Lula insistera pour exiger que son homologue supprime les droits de douane de 50 % qu'il a imposés en août.
Les Bolsonaro sont des récidivistes lorsqu’ils demandent aux États-Unis que l’administration républicaine pénalise leur pays. Un autre fils de l'ancien président, le député Eduardo Bolsonaro, qui vit au Texas depuis des mois, a déjà encouragé publiquement et en privé le gouvernement Trump à punir le Brésil pour avoir jugé le patriarche. La campagne Bolsonaro à Washington a poussé le républicain à imposer des droits de douane de 50 % sur les importations brésiliennes et des sanctions contre plusieurs juges de la Cour suprême et leurs familles. Malgré les pressions, Bolsonaro père a été condamné en septembre à 27 ans de prison pour tentative de coup d'État.
Comme c'est envieux !
J'ai entendu dire qu'il y avait des bateaux comme celui-ci ici à Rio de Janeiro, dans la baie de Guanabara, qui inondaient le Brésil de drogue.
N'aimeriez-vous pas passer quelques mois ici pour nous aider à combattre ces organisations terroristes ? https://t.co/mT6mZ2wAvu– Flavio Bolsonaro (@FlavioBolsonaro) 23 octobre 2025
La campagne militaire contre les trafiquants de drogue étrangers présumés a provoqué des controverses aux États-Unis, des propos durs et une mobilisation chaviste au Venezuela et d'énormes troubles dans toute l'Amérique latine, une région violente, mais qui, comme le souligne souvent le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, n'a pas souffert de guerres entre pays depuis longtemps.
Il est frappant que le clan Bolsonaro persiste dans cette ligne consistant à encourager une puissance étrangère à attaquer son pays, désormais militairement, étant donné qu’elle a fait chuter l’ancien président Bolsonaro dans les sondages électoraux tandis que Lula a retrouvé des soutiens et a réussi à surmonter la pire crise de popularité de sa carrière.
Lula a annoncé jeudi, lors d'une visite officielle en Indonésie, quelques jours avant son 80e anniversaire, que d'ici un an il se présenterait à la présidence en quête d'un quatrième mandat.
Pendant ce temps, Bolsonaro Sr. reste muet sur décision du tribunal et assigné à résidence en attendant que sa condamnation soit définitive et que les juges décident s'il entre dans une prison ou purge sa peine chez lui, à Brasilia. La sentence contre Bolsonaro et les soldats qui ont fomenté le coup d'État avec lui a été publiée ce mercredi, ouvrant le délai de cinq jours pour que la défense présente ses appels. Les spécialistes estiment qu'il n'existe aucune possibilité d'annulation des peines. Les avocats de Bolsonaro devraient invoquer des raisons de santé pour que leur client évite la prison.
Pendant ce temps, le Congrès examine un projet de loi visant à réduire les sanctions infligées aux putschistes, dont l'ancien président. La proposition d’amnistie, celle préférée par Bolsonaro, s’est essoufflée ces dernières semaines. Plusieurs gouverneurs qui aspirent à être les candidats de droite face à Lula ont promis de gracier Bolsonaro s’ils devenaient président en 2026.