L’Espagne, un pays sans charpentiers

L’Espagne est un pays sans charpentiers. Mauvaise affaire. Parce que nous manquons d’eux, et aussi de bien d’autres professionnels comme les maçons, les contremaîtres, les soudeurs, les électriciens, les plombiers… Et parce que nous pourrions résoudre cette pénurie de manière simple de deux manières différentes (et complémentaires). Les importer de pays tiers et/ou les former ici.

Nous avons beaucoup de personnel qui pourrait apprendre ces métiers et ainsi contribuer à l’industrie de la construction, qui en a le plus besoin. Mais aussi à l’activité artisanale dans les villes et aux tâches complémentaires de l’industrie manufacturière. Malgré le fait que l’emploi augmente et que le chômage diminue, il y a encore près de trois millions d’Espagnols à la recherche d’un emploi.

Cette dissonance n’est pas seulement locale. Européen aussi. En avril, la Commission a publié une directive exhortant les 27 à accélérer les procédures d’immigration pour l’embauche de travailleurs. Bruxelles quantifie que le marché du travail de l’Union a des difficultés à trouver des opérateurs dans 28 activités différentes, très similaires à celles qui se produisent en Espagne.

Ce sont des métiers traditionnels, mais aussi des médecins, ou encore des techniciens en informatique et applications web. Leur fournir des passerelles est une opération gagnant-gagnant, multi-gagnant. Au moins triple : vous complétez votre offre de travail, vous cèdez au désir d’émigration des pays émergents et vous facilitez les frictions civilisationnelles. Le seul risque est celui de décapitaliser les secteurs les moins développés du personnel qualifié.

Le ministère des Transports (Raquel Sánchez), en complicité avec le ministère des Migrations (José Luis Escrivá) a promu cet été une réforme de la réglementation de l’immigration afin de faciliter l’embauche de citoyens de pays tiers -déjà venant de l’étranger, déjà installés précaires en Espagne—, pour ce type de métiers. Rien que dans la construction et la réhabilitation de logements, on estime que plus d’un quart de million de nouveaux professionnels seront nécessaires dans les années à venir.

Une autre voie d’accès à ces emplois est la nouvelle formation professionnelle, qui promeut le système allemand de préparation «duale» réussi: à la fois à l’école et dans l’entreprise. La nouvelle loi, lancée en décembre dernier, a obtenu un large consensus — ce qui est de bon augure — et s’accompagne d’une dotation budgétaire de 5 474 millions d’euros sur quatre ans. Entre tempête et tempête, le navire va.

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