Les communautés réduisent le pourcentage de leurs budgets qu’elles consacrent aux politiques sociales de 67% à 59% en 12 ans

Les communautés autonomes consacrent de moins en moins de pourcentage de leurs budgets aux politiques sociales, selon le rapport publié ce lundi par l’Association des directeurs et gestionnaires des services sociaux. Ainsi, si en 2010 67,4% des comptes publics étaient alloués aux dépenses sociales – c’est-à-dire l’éducation, la santé et les services sociaux -, en 2022, elles seront réduites à 58,8%, selon l’étude de cet organisme, après analyse des données du Ministère des finances. Cela ne signifie pas que moins d’argent est investi (qui a en fait augmenté ces dernières années, passant de 111.800 à 139.100 millions d’euros), mais plutôt que ces domaines occupent de moins en moins de poids dans les comptes publics, comme l’explique José Manuel Ramírez, président de l’association. « Le plus inquiétant est que les communautés disposent de plus en plus de budgets pour développer leurs politiques, ce sont elles qui doivent garantir les systèmes de protection sociale et elles consacrent de moins en moins de pourcentage à l’État providence », critique-t-il. Le rapport souligne également des différences importantes dans l’investissement des autonomies, Navarre étant en tête des dépenses par habitant en 2022 (3 901 euros) et Madrid en dernière position (2 399 euros).

L’association, qui publie ce rapport depuis 2010, réalise chaque année une analyse de l’évolution des dépenses en matière de politiques sociales. Justement, 2010 est l’année de tous ceux qui ont étudié au cours de laquelle un plus grand pourcentage des comptes publics des autonomies consacrés aux politiques sociales a été réalisé. Durant cette période, l’impact d’une crise économique s’est fait sentir, entraînant des coupes budgétaires sévères. À partir de 2014, des augmentations ont été enregistrées dans les budgets de toutes les autonomies.

Le rapport analyse annuellement le budget liquidé, sauf en 2022, où le budget définitif est étudié, en l’absence d’informations sur ce qui a été effectivement liquidé. La pandémie a stimulé les investissements dans des politiques telles que la santé. « Bien que la crise sanitaire et sociale provoquée par le Covid-19 ait démontré l’importance des dépenses dans les services publics essentiels tels que la santé, l’éducation et les services sociaux, l’augmentation des dépenses dans ces politiques gérées par les communautés autonomes n’a été que de 13,5 % entre 2019. et 2022″, souligne l’association dans un communiqué, « alors que l’augmentation des dépenses pour le reste des politiques au cours de cette même période a été de 41%, soit trois fois plus ». Ceci, selon cette organisation, « témoigne de la perte du poids spécifique des dépenses sociales dans les communautés autonomes ».

Il y a un autre aspect qui inquiète également cette association. « Il existe de grandes inégalités territoriales en termes de développement des politiques sociales. Vivre à Madrid n’est pas la même chose si vous avez besoin d’un système d’éducation, de santé et de services sociaux publics que de vivre dans une communauté comme le Pays Basque ou la Navarre, où le budget est beaucoup plus important », explique Ramírez. La moyenne consacrée aux dépenses sociales dans l’ensemble du pays était de 2.939,8 euros par habitant en 2022. À Madrid, ils ont dépensé 540 euros de moins que la moyenne, soit 2 399,3 euros. C’est la communauté qui se situe en bas, avec la Catalogne (2 781,7 euros par habitant) et l’Andalousie (2 792,1). Il est mené par la Navarre (3 901,1 euros), le Pays basque (3 708,1) et l’Estrémadure (3 629,2).

Ramírez accorde une importance particulière au cas de la Catalogne. Dans l’ensemble du pays, entre 2009 (l’année précédant le début des coupes budgétaires, comme l’a souligné le président de l’association) et l’année dernière, le montant destiné aux politiques sociales a augmenté de 19 %. La plus forte augmentation a été enregistrée dans les îles Baléares, avec 48 %. En Catalogne, en revanche, l’augmentation n’a été que de 4,7 %. De plus, si l’on étudie l’investissement par habitant et par an, la Catalogne est la seule autonomie qui n’a pas récupéré le budget des politiques sociales avant les coupes de 2010. En 2022, elle a investi 6,38 euros par habitant de moins dans ces trois domaines qu’en 2009. Madrid est la deuxième communauté la plus mal lotie, avec une augmentation de 167,8 euros. Les autonomies qui arrivent en tête de liste sont la Communauté valencienne (avec 855 euros de plus), la Navarre (829,9 de plus) et les Asturies (823,6 de plus). « Pour parler d’égalité, il vaut mieux que les budgets soient à la hauteur des discours. L’État providence garantit l’égalité entre les citoyens. Les différences entre les communautés sont énormes », explique Ramírez.