Le gouvernement approuve un plan pour Ceuta et Melilla avec un investissement de 711 millions jusqu’en 2026

Vue panoramique du quartier d’El Príncipe Alfonso, à Ceuta, le 13 octobre.PACO PUENTES (LE PAYS)

« Ceuta et Melilla sont l’Espagne. Endroit ». La force avec laquelle Pedro Sánchez s’est exprimé jeudi à la fin de sa comparution au Congrès, lorsqu’il a demandé à parler pour la dernière fois depuis son siège après avoir appris que le Maroc avait qualifié Melilla de « prison occupée » et déclaré que  » il n’a pas de frontières terrestres » avec l’Espagne dans une lettre au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, termes qui ont ensuite été rectifiés par le ministère marocain des Affaires étrangères, contenaient bien plus qu’une déclaration procédurale.

Les paroles du président n’étaient pas une simple déclaration d’intention. Ils ont été le prélude à l’investissement de plusieurs millions de dollars, de 711,4 millions d’euros jusqu’en 2026 —répartis presque également : 354,6 millions à Ceuta et 356,8 à Melilla—, sur lequel le gouvernement travaille depuis plus de deux ans et que le Conseil des ministres approuvera ce mardi dans le cadre de « l’engagement ferme » et d’une « politique de l’Etat » pour renforcer les services publics existants et « jeter les bases du progrès économique et social » et « d’un meilleur horizon d’emploi » pour ses habitants, comme indiqué dans les plans de développement global auquel EL PAÍS a eu accès.

Les problèmes de Ceuta et Melilla, dont les documents gouvernementaux soulignent qu’ils sont « une partie inséparable et inaliénable de notre souveraineté », transcendent l’intérêt informatif qui monopolise le contrôle de l’immigration irrégulière. Il y en a de toutes sortes : la pression des systèmes éducatifs et sanitaires qui est à l’origine de la singularité frontalière, le manque de terrains pour de nouvelles habitations… L’Exécutif central, qui, contrairement à ce qui se passe avec les communautés autonomes, maintient les compétences en matière de santé , éducation, dépendance et logement, a conçu une série d’investissements pour les quatre prochaines années afin de pallier le manque d’infrastructures et d’approvisionnements vitaux, qui s’est aggravé en raison de la demande croissante de services d’une population considérable dans un espace réduit.

Les données sont accablantes : Ceuta compte 83 500 habitants et une densité de 4 139 habitants au kilomètre carré et Melilla compte 86 261 habitants (6 100 habitants au kilomètre carré), contre une densité moyenne nationale de 94 habitants. Sous la coordination du ministère de la politique territoriale d’Isabel Rodríguez, avec l’exécution de plans de développement globaux, le gouvernement se fixe l’objectif de créer des « opportunités » sur son territoire pour assurer la « viabilité économique », renforcer la « cohésion sociale » et réduire  » les différences économiques avec le reste de l’Espagne ».

Le gouvernement a réorienté les relations diplomatiques avec Rabat après la crise migratoire de mai 2021, lorsqu’environ 10 000 personnes sont entrées à Ceuta profitant de l’assouplissement de la gendarmerie marocaine dans son contrôle de la frontière. Pourtant, cet épisode a décidé La Moncloa à accélérer un plan stratégique sur lequel elle travaillait déjà avant la crise migratoire pour lutter contre « l’asphyxie économique » des deux villes autonomes en raison de leur dépendance commerciale avec le Maroc, pays avec lequel il est prévu, toujours sans date, une réunion de haut niveau avant la fin de l’année

convenir de la réouverture de l’entrée et de la sortie des personnes par les postes frontières). La réalisation des plans s’accompagne d’une pluie sans précédent de millions d’argent public sur les deux places nord-africaines.

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Promotion du système éducatif

L’essentiel des dépenses ira à la promotion du système éducatif et de la formation professionnelle, avec 129 millions destinés à Ceuta et 117 millions à Melilla. Le nouvel hôpital de cette deuxième ville, prévu pour 2023, double le montant des soins de santé (48,7 millions) par rapport à Ceuta (21,2 millions). D’autre part, les pénuries de logements sont à l’origine du montant pour le développement urbain et le logement dépassant 59 millions à Ceuta par rapport aux 10 millions réservés dans le plan de développement de Melilla. Le gouvernement a conclu que le moyen de résoudre la pénurie de terrains aménageables dans les deux villes, mais surtout à Ceuta —32,25 % des terres appartiennent au ministère de la Défense, un peu plus qu’à Melilla (26,8 %)— est la désaffection des casernes et espaces propriété de la Défense pour leur transfert et changement d’affectation. Le gouvernement favorisera un accord d’achat avec Ceuta, où 40% du parc de logements a plus de 40 ans, pour désaffecter une partie importante du territoire de l’armée. Dans le cas de Melilla, un plan de concentration militaire sera choisi qui vise à centraliser les unités militaires de la ville dans la base discontinue d’Alphonse XIII.

Plus de 75 % du financement des plans pour les deux villes proviennent des budgets généraux de l’État et des fonds structurels de l’UE. Le reste fait partie des fonds du programme de relance, de transformation et de résilience.

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