Éduquer en tribu, un enjeu démocratique

Il est courant d’entendre que l’Espagne compte 17 systèmes éducatifs, un pour chaque communauté autonome. Le commentaire reflète, de manière désobligeante — et à mon avis absolument faux —, l’un des impacts que le processus de décentralisation a eu sur l’éducation dans ce pays. Et si 17 semble un nombre excessif, que penserions-nous de 8 112 ?

Le chiffre de 8 112 correspond au nombre de municipalités en Espagne. El recién publicado mapa del gasto municipal en educación coloca en el centro del debate educativo —ya escasos meses de las elecciones municipales— qué rol debe tener la educación en la gestión municipal, un ámbito en el que, en principio, los ayuntamientos no tienen competencia quelque. La question est: serait-il logique pour eux de l’avoir?

Le binôme municipalité-éducation s’articule autour de quatre axes fondamentaux : éducatif, social, politique et démocratique.

L’axe éducatif est lié à l’un des plus grands défis auxquels sont confrontées les écoles aujourd’hui : comment combiner les trois contextes éducatifs : formel, non formel et informel. Il est courant de regarder l’école chaque fois qu’un problème social se pose. L’éducation est nécessaire, dit-on toujours, et les yeux se tournent automatiquement vers l’école ; comme si les seuls responsables des processus éducatifs étaient les enseignants et que le seul espace possible pour éduquer était l’école.

L’adage selon lequel pour éduquer un enfant il faut toute la tribu n’a jamais été aussi juste et dans la commune on retrouve, dans son sens le plus large, cette tribu dont on a besoin : services publics, associations, organismes sociaux, mouvements de quartier, espaces et personnes de le domaine culturel, artistique ou sportif, la police, la santé… Une tribu complète et diversifiée au service d’une démarche éducative globale. L’enjeu est d’améliorer les synergies entre ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, pour s’assurer que cette dernière contribue au développement curriculaire qui se déroule dans les espaces scolaires formels.

L’équité est le principe sur lequel repose le deuxième axe, le social. La municipalité, comprise comme un scénario proche et immédiat des citoyens, est l’espace privilégié pour déployer des mesures qui garantissent une plus grande égalité des chances, en particulier chez les enfants les plus vulnérables : transport et cantine scolaire, offre éducative complémentaire ou actions de renforcement éducatif sont quelques-unes des les actions qui, proposées par les mairies, en tant qu’administration publique locale, peuvent garantir leur service aux groupes les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas accès à cette réalité éducative qui se produit en dehors de la salle de classe.

La dimension politique, troisième axe, est liée à ce qu’on a appelé la seconde décentralisation et consiste à doter les mairies de compétences pédagogiques. Mais comme une administration publique ne vit pas seulement de compétences, le processus de décentralisation implique nécessairement deux conditions : des ressources — financements, profils professionnels, ressources matérielles, etc. — et la participation, c’est-à-dire la prise de décision.

Comprendre que les mairies doivent être présentes dans les processus éducatifs n’implique pas seulement d’intégrer les mairies comme responsables de la création et de l’entretien des centres, ou de l’offre et de la gestion des services éducatifs, cela implique aussi de participer directement à la prise de décision ( planification de l’éducation, commissions scolaires, formation des enseignants, etc.).

Et si l’on comprend que le rôle de la municipalité dépasse celui de simple fournisseur de ressources, de services et de programmes, il faut supposer que la relation entre la municipalité et l’école doit être bilatérale —quatrième axe—. Il ne faut pas l’envisager exclusivement en fonction de ce que la commune apporte à l’éducation, il faut aussi penser à la manière dont l’éducation et l’école contribuent à la construction de la commune.

L’intégration de l’école dans la vie municipale a non seulement des effets pédagogiques sur les élèves, mais aussi sur les citoyens : l’école est le petit laboratoire de la commune et la commune, la grande scène de l’école. C’est intégrer l’éducation, sa perspective, ses finalités, ses objectifs et ses principes dans les différents domaines de la vie citoyenne : inclusion, participation, coopération, diversité, durabilité, égalité des genres… Ce sont des valeurs éducatives qui deviennent des valeurs citoyennes. . Si la commune est l’unité de cohabitation et de cohésion sociale, l’éducation permet de construire un espace partagé qui renforce les deux piliers.

Le lien entre la commune et l’éducation s’explique par des chiffres d’investissement : construction de centres éducatifs, services scolaires, offre éducative. Mais elle se définit surtout dans la manière dont chaque commune traite l’éducation dans son rôle d’outil clé pour le développement du territoire et la construction d’un espace de transformation sociale. J’invite les personnes qui sont appelées à élire leurs maires en mai prochain à y penser également au moment de décider de leur vote.

.

Abonnez-vous pour continuer à lire

Lire sans limites