Des bourses qui ont besoin de réalisme

Les bourses universitaires sont un instrument essentiel de toute politique publique visant à favoriser l’accès à l’enseignement supérieur des jeunes qui débutent dans une situation socio-économique défavorisée. C’est pourquoi la baisse du nombre de ses bénéficiaires est une mauvaise nouvelle : au cours de l’année universitaire 2021-2022 (la dernière avec des données officielles), ils étaient 339 095, soit près de 23 000 de moins que l’année précédente. Bien que les cas soient variés, l'influence à la fois de sa faible dotation sur le coût de la vie actuel et du fait que les seuils maximaux de revenus requis pour sa concession semblent évidents sont très loin de pouvoir couvrir les dépenses réelles des étudiants, notamment pour location d'un logement.

Tout effort contribuant à lutter contre les inégalités d’origine doit être salué, en particulier lorsque l’ascenseur social présente des symptômes évidents de paralysie. Le montant budgétisé pour les bourses à tous les niveaux d'enseignement pour cette nouvelle année s'élève à 2,535 millions, dont environ 1,300 pour les étudiants universitaires, un chiffre record. Cela représente un louable 81% de plus que lors de l’année académique 2017-2018, la dernière avec un gouvernement PP. Mais cela peut être un effort inutile si de nombreux jeunes se retrouvent incapables de poursuivre une carrière ou voient leurs attentes contrariées par la barrière économique.

Au cours de l’année universitaire 2021-2022, un tiers des étudiants inscrits en présentiel dans une université publique ont été contraints de changer de province pour poursuivre leurs études. Avec 200 000 étudiants de plus cette année et des loyers qui grimpent jusqu'à 14 % dans les territoires et quartiers les plus présents en université, trouver un appartement est devenu une tâche quasiment impossible pour de nombreux étudiants. D’autant plus que la bourse de logement, malgré sa dernière augmentation, s’élève à 2 500 euros par cours.

De nombreux étudiants doivent également faire face à ces dépenses avec la seule aide de leur famille ou avec leurs seuls efforts, car ils ne peuvent pas accéder à une bourse car ils dépassent le seuil requis, qui est en pratique très bas pour la vraie vie. Surtout dans certaines villes. Dans ce cursus, par exemple, une famille composée de quatre membres ne peut postuler à une bourse que si elle dispose d'un revenu inférieur à 42 835 euros. Et ils ne recevraient que le montant minimum, ce qui laisse de côté les familles de la classe moyenne touchées par la hausse des prix et qui ne peuvent pas assumer le coût de l'éducation de leurs enfants en dehors du foyer.

Les responsables de l'université prévoient de rencontrer le ministère de l'Éducation, qui gère toutes les aides, pour repenser le modèle. Une réflexion sans doute nécessaire pour améliorer une situation dans laquelle, comme La Conférence des recteurs avait alerté l'année dernièrel’égalité des chances de poursuivre des études universitaires quelle que soit la capacité économique est loin d’être une réalité.