A une semaine du premier tour des élections législatives en France, Jordan Bardella se sent « prêt » à gouverner et s'estime « la seule alternative crédible » au macronisme en France. Et si son parti, le Regroupement national (RN), d’extrême droite, obtient la majorité absolue, il le fera avec la main lourde pour rétablir « l’ordre » – mot qu’il répète avec insistance – « dans la rue et dans les comptes publics ». » . Pour y parvenir, il propose des mesures immédiates et drastiques, comme la suppression de l’obtention de la nationalité par le droit historique à la terre, et reprend également les idées des précédents gouvernements conservateurs.
« Je ne me résoudrai jamais à ce que la peur et la violence aient le dernier mot dans la rue », a-t-il souligné ce lundi lors de la présentation formelle de son programme gouvernemental, lors d'une conférence de presse à Paris en présence des cadres du RN : de son chef , Marine Le Pen, au nouvel allié électoral, le président encore nominal du parti traditionnel de droite Les Républicains, Éric Ciotti. « Je serai le Premier ministre qui mettra l'autorité au cœur de l'action gouvernementale, qui agira pour écarter les prédateurs et protéger tous les Français, en particulier les femmes », a-t-il assuré en présentant son programme dont les principales mesures ont déjà été annoncées. la semaine dernière dans diverses interviews. La sécurité, avec le « contrôle » de l’immigration, est l’un des piliers de la politique du RN.
Face à la « capitulation de Macron dans tous les domaines » et à l’« ensauvagement » du pays (terme également fréquemment utilisé par le gouvernement macroniste), Bardella a fixé comme l’une de ses priorités – les « urgences », les appelle-t-il – la « restauration de l’ordre républicain et retour de la sécurité partout et pour tous les Français. Pour cela, il promet « l’autorité » là où elle est nécessaire, comme dans les écoles, ainsi qu’une tolérance zéro à l’égard de la criminalité et des mesures dès son arrivée au pouvoir pour contenir l’immigration qu’il identifie à plusieurs reprises comme l’un des facteurs d’insécurité. dans le pays. Dans son programme, il n'y a aucune trace d'un calcul économique qui estime le coût de ses mesures.
Bardella a réitéré ce lundi qu'il ne gouvernerait que s'il obtenait la majorité absolue, mais il n'a pas précisé ce qu'il ferait s'il lui manquait une poignée de députés sur les 289 sièges qu'il s'est fixé comme objectif, comme le prétendent certains les enquêtes l’indiquent. En tout cas, il a indiqué que, s’il est Premier ministre, il sera « respectueux de l’institution » incarnée par le président Macron, mais qu’il ne sera jamais un « collaborateur » du chef de l’Etat. Celui-ci, de son côté, a assuré dans une « lettre » publiée dans la presse régionale que, quoi qu'il arrive après le second tour du 7 juillet, il entendait terminer son mandat et agir comme « protecteur » de la République. « Vous pouvez me faire confiance pour agir jusqu'en mai 2027 en tant que président », déclare Macron, dont le propre camp a durement critiqué sa décision d'avancer les élections et fait tout son possible pour séparer sa campagne de son image.
Le candidat du RN veut marquer deux moments d'action : celui des « urgences », avec des mesures à appliquer dès son arrivée au pouvoir, et un autre des « réformes », à entreprendre dès l'automne avec des projets de loi, voire des réformes constitutionnelles si nécessaire. nécessaire. Parmi les urgences, il y a eu la suppression du droit à la terre, c'est-à-dire du droit à la nationalité pour ceux qui sont nés sur le territoire français, malgré l'exigence d'une loi pour le faire. Il s’agit, comme le soulignait l’historien et politologue Patrick Weil dans une tribune en , d’un droit en vigueur dans le pays depuis 1515 et que « même le régime de Vichy [la Francia colaboracionista con la Alemania de Hitler] « Il voulait poser des questions. » Mais pour Bardella, il s’agit d’un droit automatique qui « n’est pas justifié dans un monde de 8 milliards d’habitants », compte tenu notamment de « l’incapacité à intégrer » ces personnes en France.
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D’autres mesures prioritaires en matière d’immigration sont le remplacement de l’aide médicale aux migrants par une simple « aide d’urgence » ; le « durcissement » des conditions de regroupement familial, la suspension de toute réglementation sur les immigrés irréguliers – « clandestins », sont-ils décrits dans leur programme – par les préfets ou l’allongement des durées de rétention administrative. Bardella promet également de faciliter l’expulsion des criminels étrangers en rétablissant le délit de « séjour illégal ». « Nous ne pouvons pas violer impunément les lois françaises et l'hospitalité de nos concitoyens », a-t-il justifié.
Référendum pour réviser la Constitution
Comme il l’a expliqué, s’il devient Premier ministre, il tentera de « convaincre le président », Emmanuel Macron, d’organiser un référendum pour réviser la Constitution et rendre les mesures de restriction de l’immigration proposées par son parti « intouchables par la jurisprudence européenne ou internationale ». , qui promeut un confinement national contraire aux principes européens, notamment celui de solidarité migratoire stipulé dans le Pacte européen sur les migrations récemment approuvé.
Toujours en termes de sécurité, Bardella veut rétablir, comme mesure dissuasive, l'imposition de peines minimales pour « les récidivistes, les attaques contre des agents publics ou pour les délits liés au trafic de drogue » qui ont été éliminées sous le gouvernement socialiste de François Hollande, en les considérant inefficace, et qu'il avait déjà été proposé de le remettre en œuvre il y a un an, sans succès. L'objectif est de garantir que ceux qui commettent ce type de délits ou de récidives reçoivent une peine minimale, plutôt que de laisser la question à la discrétion du juge de service. De même, Bardella suggère de supprimer l'aide publique aux parents de récidivistes mineurs.
Mais Bardella, 28 ans et qui revendique toujours comme leçon d'avoir grandi dans un quartier conflictuel de la banlieue parisienne, estime, comme il l'a souligné ce lundi, que l'une des clés pour lutter contre cette « décivilisation » et cette insécurité croissante dans le pays est de la combattre très tôt. C'est pourquoi son plan propose, comme il l'a dit, un « contrôle de l'autorité » dans les écoles, avec l'interdiction des téléphones portables, la réintroduction de « peines minimales dans les conseils de discipline » et la création de centres spécialisés pour « les étudiants qui harcèlent ou qui causent du désordre » à commander en classe. Il a également défendu le rétablissement de la « loi Ciotti » de 2010, qui proposait la suspension des aides familiales et des bourses scolaires pour les élèves ayant provoqué des incidents répétés à l'école. Bardella a également évoqué la possibilité d'introduire des uniformes dans les écoles primaires et secondaires.
Ce ne sont pas non plus des idées nouvelles. Le rétablissement de « l’autorité à tous les niveaux, dans la famille, à l’école, dans la rue » fait partie d’un plan annoncé par le désormais Premier ministre sortant, Gabriel Attal, en avril. Peu avant, en janvier, Macron avait défendu l'expérimentation de l'uniforme dans une centaine d'écoles et l'apprentissage de l'hymne de La Marseillaise. Dans ce discours de janvier, le président désormais accusé par l'extrême droite de ne pas avoir fait preuve d'une main assez lourde pour rétablir l'ordre, ce mot d'ordre, ainsi que d'autorité, a été répété à maintes reprises dans la bouche de Macron, dans ce que la gauche dénoncé comme un nouvel exemple du virage autoritaire et vers la droite de son gouvernement ces dernières années.
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