Paradoxes du système éducatif

Les indicateurs d'éducation montrent la situation dans le domaine éducatif avec des références prises en compte dans les analyses nationales ou internationales. Son caractère statistique et quantitatif tend à générer, sinon un rejet, du moins certains questionnements, les idiosyncrasies et les singularités perdant de leur pertinence. On soutient également que les processus doivent primer sur les résultats et, de la même manière, le descriptif et le relatif doivent primer sur les réalisations absolues. Cependant, une analyse centrée sur certains indicateurs importants, qui prend en compte les données de l'ensemble du système éducatif, nous permet de constater des contradictions pertinentes dans le système lui-même.

L’un d’entre eux est déjà anticipé : le taux élevé d’élèves inscrits dans l’éducation de la petite enfance et le faible taux d’aptitude des élèves dans l’enseignement obligatoire. L'édition 2025 du ministère de l'Éducation, de la Formation professionnelle et des Sports, comprend les taux nets de scolarisation suivants, au cours de l'année scolaire 2022-2023, par années d'âge dans l'éducation de la petite enfance : 71,2% (2 ans), 96,4% (3 ans), 97,6% (4 ans), 98,1% (5 ans). L'Espagne est donc l'un des pays de l'Union européenne (UE) avec le taux le plus élevé d'élèves qui fréquentent l'éducation préscolaire non obligatoire, et ces preuves sont liées au caractère préventif et compensatoire, en particulier pour les élèves issus des origines les plus défavorisées, de la scolarisation à ce stade.

On pourrait donc s’attendre à un développement de l’enseignement obligatoire ultérieur avec des résultats adéquats dans d’autres taux significatifs : celui de l’aptitude à l’âge des élèves, celui des redoublants, celui de l’abandon scolaire précoce de l’enseignement et de la formation, et celui de l’obtention du diplôme à la fin de l’enseignement obligatoire. Eh bien, le pourcentage d'étudiants inscrits dans le cours correspondant à leur âge diminue à mesure que leur âge augmente et, au cours de l'année académique 2022-2023, 75,4% des étudiants de 15 ans sont inscrits en 4e année de l'enseignement secondaire obligatoire (ESO) ou ont commencé la formation professionnelle de base. Compte tenu du taux de redoublement, également pour l'année académique 2022-2023, celui-ci est de 7% dans tous les cours de l'ESO, le plus élevé de l'UE, après le Luxembourg (9,7%), et le pays suivant, la Grèce, obtient 4%.

Au cours de cette même année universitaire 2022-2023, le pourcentage de diplômés de l'ESO, par rapport à la population âgée de 15 ans, est de 81,4 %. Enfin, l’abandon précoce de l’éducation et de la formation, entendu comme la situation des personnes âgées de 18 à 24 ans dont le niveau d’éducation maximum est le premier cycle de l’enseignement secondaire et qui ne suivent aucun type d’éducation ou de formation, a atteint, en 2024, 13 %. Après la Roumanie, avec 15,4%, l'Espagne est le deuxième pays de l'UE avec le taux le plus élevé pour cet indicateur. Ensuite, première contradiction notable : l’enseignement secondaire en éducation de la petite enfance, à caractère compensatoire, ne correspond pas à des résultats également satisfaisants dans l’enseignement obligatoire ultérieur.

Si, en revanche, l’on considère la scolarité dans l’enseignement supérieur, au cours de l’année scolaire 2022-2023, l’indice de l’UE, à 18 ans, est de 23,5 %, et l’Espagne le double presque, pour atteindre 46,1 %. En plus de ce niveau de scolarité élevé, 52,6% de la population espagnole âgée de 25 à 34 ans possède, en 2024, un niveau d'enseignement supérieur, un pourcentage supérieur de plus de 8 points à celui de l'UE (44,2%). Une deuxième contradiction apparaît alors : les faibles taux d'obtention de diplôme à l'ESO et le taux élevé d'abandon scolaire ne semblent pas affecter la scolarité et les résultats dans l'enseignement supérieur. Bref, deux paradoxes qui mettent en évidence d’importantes contradictions dans le système éducatif.