Les investissements sociaux dont l'Europe a besoin

Le débat sur les réformes requises par l'économie européenne a rapidement réorienté les objectifs de sécurité. L'Union européenne est confrontée à plusieurs défis dérivés d'un environnement mondial en évolution, dans lequel la crise climatique, la transition énergétique et la transformation numérique ont ajouté de nouveaux conflits géopolitiques. La sécurité militaire a acquis une importance croissante dans les priorités stratégiques de l'Union, ce qui a conduit à une augmentation des budgets de défense et à la nécessité conséquente d'ajuster son financement.

De nouveaux facteurs de risque affectent non seulement la stabilité des marchés et le potentiel de croissance économique, mais aussi la durabilité des systèmes fiscaux et des avantages sociaux. Des conceptions budgétaires appropriées sont nécessaires pour financer les initiatives de sécurité sans compromettre d'autres services essentiels. Dans le même temps, les systèmes de protection sociale doivent être reformulés pour faire face aux complexités des défis actuels.

Le renforcement d'un réseau plus solide d'avantages monétaires dans les pays de l'Union devrait être une étape importante pour accroître la résilience des États. Cependant, il ne suffira pas de traiter certains des défis dérivés des restrictions géopolitiques et de la double transition. L'amélioration de la protection nécessite le développement d'investissements sociaux promus par la Commission européenne comme une stratégie clé pour renforcer l'adaptation des ménages et des secteurs les plus touchés par les changements structurels.

Ces investissements protègent non seulement contre les différents risques de forme, mais améliorent également les opportunités et les capacités du peuple pour faire face aux demandes de changement soulevées par les transitions citées. Ils peuvent favoriser la compétitivité et la croissance économique en plus de poursuivre les objectifs sociaux.

Certains des investissements les plus importants sont l'éducation et les soins de la petite enfance, la formation professionnelle tout au long de la vie, les politiques de l'emploi actif, les mesures de conciliation entre le travail et la vie familiale et les soins à long terme. Certaines études ont confirmé leur capacité à générer des rendements économiques importants sur trois canaux principaux: l'offre d'emploi, la productivité et l'investissement dans le capital physique.

Malgré ces avantages, la concentration des stratégies de sécurité économique sur les investissements sociaux est une option soumise à certaines limitations. Premièrement, l'investissement social n'a toujours pas de définition consensuelle et opérationnelle. Ceux qui sont généralement trop généraux, ce qui rend difficile la traduction du concept en allocations budgétaires ou évaluations spécifiques.

Deuxièmement, l'accent excessif de la productivité peut aller à l'encontre d'un modèle de protection sociale inclusif. La tendance à justifier les politiques sociales uniquement pour son impact économique peut diluer sa dimension éthique et affaiblir son lien avec les droits fondamentaux. Si les politiques sociales sont principalement orientées vers la productivité de favoriser la productivité, il existe un risque que les segments de population ne puissent pas être facilement intégrés sur le marché du travail de plus en plus vulnérables. De plus, ces investissements ne traitent pas suffisamment de problèmes structurels tels que la précarité du travail, la concentration croissante de la richesse ou le manque de régulation de certains aspects du marché du travail.

Un autre risque est de perdre de vue la connexion que ces politiques peuvent avoir avec les instruments traditionnels du système fiscal et avantages sociaux. Les changements dans les États providence conseillent de tracer des distinctions excessivement rigides entre prétendument ex post, politiques traditionnelles et ex avant, les investissements sociaux. Il devrait tendre vers des systèmes hybrides qui combinent l'assurance monétaire contre les risques traditionnels avec la promotion des capacités des gens à faire face à de nouveaux risques sociaux. Sans réseaux de sécurité du revenu étendues, il sera difficile pour d'autres investissements de réactiver l'ascenseur social.

Les investissements sociaux sont également confrontés à différents problèmes liés à leur mise en œuvre. La Commission européenne promeut l'investissement social tout en exigeant simultanément des mesures de contrôle du déficit aux États. Cela conduit à l'approche d'investissement social pour courir le risque de dépendre excessivement des cycles économiques expansifs. En période de décélération, les gouvernements pourraient réduire ces programmes en les considérant moins urgents que les mesures de stabilité budgétaire, sapant ainsi leur efficacité, comme cela s'est produit dans la Grande Récession. Des alternatives réalistes sont nécessaires pour que les contextes récessifs ne cassent pas la continuité de ces politiques.

D'un autre côté, l'approche d'investissement social part de l'hypothèse que tous les pays de l'UE ont une capacité similaire à financer et à développer des politiques qui améliorent le capital humain et l'employabilité. Cependant, les États membres ont des structures économiques et budgétaires très différentes et les pays ayant moins de ressources peuvent avoir du mal à mettre en œuvre ces politiques sans compromettre d'autres dépenses essentielles. Cela pourrait étendre plus de disparités au sein de l'UE.

Enfin, il sera difficile de convaincre les dirigeants politiques que la politique sociale devrait être considérée comme un investissement et pas seulement une dépense. Plus de preuves sont nécessaires quant à ses rendements pour garantir que le budget alloué n'est pas simplement un coût. Il serait également nécessaire de développer des systèmes d'évaluation qui permettent aux dirigeants politiques d'identifier plus précisément quels sont les investissements sociaux avec de meilleurs résultats.

En résumé, bien que les investissements sociaux aient des avantages évidents, leur mise en œuvre dans l'UE n'est pas exemptée de complexité. Pour être efficaces, ils doivent être accompagnés d'un cadre budgétaire adéquat, d'une approche équilibrée entre l'efficacité et les droits et une stratégie pour réduire les inégalités structurelles entre les pays et les groupes sociaux. Une avancée consisterait à définir un ensemble d'actions sélectives et à long terme reconnues comme des investissements par l'UE, pour lesquelles il serait autorisé à recourir à de l'endettement dans des conditions moins restrictives que les actuelles, au moins pendant sa phase initiale. Sinon, l'Europe risque de se déplacer vers un modèle de sécurité déséquilibré, qui peut laisser les deux pays avec moins de capacité fiscale et les groupes les plus vulnérables.