La Fédération espagnole des religieux enseignants propriétaires de centres catholiques, qui regroupe des dizaines d'écoles privées à charte de la Communauté de Madrid, a porté plainte contre la décision du gouvernement régional, présidé par Isabel Díaz Ayuso, d'éteindre les appareils électroniques utilisés jusqu'à présent par plus d'un demi-million d'élèves de maternelle et primaire dans 2.000 centres soutenus par des fonds publics. C'est ce que rapporte ce mercredi le Journal Officiel de la région (BOCM), qui appelle les autres parties intéressées à se joindre au processus par ordonnance de la Huitième Section de la Chambre Contentieuse-Administrative du Tribunal Supérieur de Justice de Madrid. Une démarche qui espère rassembler l'opposition à une mesure qui consiste à étendre l'interdiction d'utilisation du téléphone portable pendant la journée scolaire à tout appareil numérique, déjà en vigueur, et qui sera activée lors de la prochaine année scolaire 2025-2026.
« Nous avons l'intention de revenir à l'essence des livres, des cahiers, des dictées, du soin de l'orthographe, de la calligraphie, et nous rendrons tout cela compatible avec que les étudiants de Madrid possèdent les compétences numériques nécessaires », a expliqué Miguel Ángel García Martín, porte-parole du gouvernement, en mars, lors de l'annonce d'une mesure qui touche les étudiants jusqu'à 12 ans.
La réaction des Écoles Catholiques de Madrid (ECM) a été immédiate et a notamment dénoncé que l'interdiction des écrans viole, à leur avis, l'autonomie des centres éducatifs.
« Il s'agit d'une mesure restrictive qui contredit les principes de liberté, de pluralité et de qualité de l'enseignement postulés par la Communauté de Madrid et qui, sans aucun doute, inquiète grandement les 340 centres qui composent le réseau ECM, considérant leur droit à développer leur propre projet éducatif et, surtout, librement choisi par les familles », lit-on dans le communiqué publié à l'époque par l'association.
Le décret qui articule la mesure établit que les élèves de la maternelle (jusqu'à six ans) et du primaire (jusqu'à 12 ans) dans les centres soutenus par des fonds publics ne pourront pas travailler individuellement avec des appareils numériques et que leurs enseignants ne pourront pas programmer l'exécution de devoirs ou d'autres tâches académiques dans lesquelles ils doivent utiliser des tablettes, des ordinateurs, des téléphones portables ou similaires en dehors des heures de classe.
Concernant l'usage partagé entre deux ou plusieurs élèves, il sera toujours autorisé dans un but pédagogique, sous la surveillance des enseignants et avec des limitations de temps en fonction des âges et des niveaux. Ainsi, les plus jeunes enfants du premier cycle des nourrissons (0-3 ans) n'auront pas de contact avec ces appareils. Au deuxième cycle de la petite enfance (enfants de 3 à 6 ans) et dans les deux premières années de primaire, cette gestion partagée sera limitée à une heure par semaine.
De leur côté, les élèves de 3ème et 4ème primaire disposeront d'une heure et demie d'utilisation conjointe dans la semaine, tandis que les élèves de 5ème et 6ème pourront les utiliser dans ces conditions à raison de deux heures maximum par semaine. Concernant le stade de l'Enseignement Secondaire Obligatoire (ESO), les écoles et instituts qui l'enseignent seront ceux qui délimiteront l'usage individuel ou partagé des tablettes, ordinateurs et autres selon les caractéristiques des enseignements, l'âge et le degré de maturité de leurs élèves.
La règle comprendra également quelques exceptions à ces restrictions. Par exemple, les élèves ayant des besoins spécifiques d'accompagnement et qui ont besoin de ces ressources numériques, suite à un rapport psycho-pédagogique, pourront les utiliser sans limite de temps. Leur utilisation sera également autorisée dans des matières ou des projets à option dans lesquels ils sont indispensables pour acquérir des compétences spécifiques. Et les centres éducatifs qui disposent actuellement d'un programme d'enseignement comprenant un appareil individuel par élève bénéficieront d'un moratoire d'un an – jusqu'au 31 août 2026 – pour s'adapter à la réglementation.