La Chambre des Représentants de Colombie aura entre les mains, dans les prochaines semaines, le vote sur la réforme des articles 356 et 357 de la Constitution. Trois enjeux transcendantaux sont en jeu dans cette décision : voulons-nous un État national fort ou un État décentralisé ? Peut-on redimensionner l’État avec une stabilité budgétaire ? Et le plus important et le moins discuté : allons-nous enfin garantir des droits fondamentaux comme l’éducation, la santé et l’eau potable à des territoires et des groupes de population éternellement discriminés ?
Aujourd'hui, dans l'opinion publique, les questions qui intéressent ceux qui sont au pouvoir sont débattues : les hommes politiques, la manière dont l'argent est réparti entre les gouvernements nationaux et régionaux ; économistes orthodoxes, la règle budgétaire sur des hypothèses pessimistes. Les élites politiques pensent que la justice territoriale consiste dans la gestion de l’argent public par les régions, mais la décentralisation ne sera juste que si elle confère des droits sociaux aux populations exclues. Et la technocratie centraliste ne reconnaît pas, même si elle le sait, qu'investir dans le développement humain, et en particulier dans l'éducation, en générant de la productivité et des capacités territoriales, fait émerger les ressources nécessaires à son financement à partir de la réforme elle-même, car le retour social et personnel du ces investissements constituent l’une des plus grandes certitudes obtenues par les sciences sociales au cours du siècle dernier.
Ainsi, l’intérêt des exclus doit être incorporé une fois pour toutes dans le texte constitutionnel, et ne pas laisser la répartition des ressources pour une loi « ultérieure » sur la concurrence. Plus précisément, pour que l’éducation crée la paix, l’équité et la prospérité, il faudrait que la Chambre fasse quatre choses maintenant.
Premièrement, approuver le projet de maintenir le texte venu du Sénat, augmentant les transferts de 24% du revenu courant de la Nation (ICN) en 2027 à 39,5% en 2039. Nous aurions deux ans avec la formule actuelle, et dans Le La décennie suivante, l’investissement résultant de la réforme générerait le retour sur investissement nécessaire.
Deuxièmement, maintenir la participation majoritaire de l'éducation dans ce stock, qui est aujourd'hui de 58 %. Ce serait une erreur fatale d’inclure des idées préjudiciables à l’éducation dans la croissance des transferts. Et c’est pourquoi, compte tenu des intérêts qui entreront en jeu en proposant de bonnes intentions (et ) dans la loi sur la concurrence, il faut se prémunir dès maintenant du risque de retour en arrière dans la destination spécifique des transferts vers des droits sociaux essentiels.
Troisièmement, qu'il rétablisse quelques phrases de la loi statutaire pour garantir le droit fondamental à l'éducation que la même Chambre avait voté favorablement le 15 avril. C'est-à-dire mentionner précisément que les transferts financeront le droit fondamental à une formation complète de qualité pour tous sans aucune exception, depuis la maternelle à trois ans, jusqu'à l'enseignement secondaire articulé avec l'enseignement supérieur.
Et quatrièmement, créer un Fonds au sein de la bourse qui favorise les zones rurales dispersées touchées par le conflit armé, renforçant l'idée insatisfaite des territoires PDET (Programmes de Développement avec Approche Territoriale). Avec 1,5% de l'ICN dans un mécanisme différentiel, une éducation raisonnablement bonne serait garantie dans les territoires où il est plus clair que la violence et la pauvreté proviennent des inégalités éducatives. C’est quelque chose que la Mission de décentralisation a reconnu. Bien sûr, si la santé et l’eau potable entraient dans le Fonds, il faudrait dépasser ce pourcentage, mais aucun investissement ne serait plus pertinent que cela.
D’un autre côté, c’est un moment opportun pour réformer. Ses effets peuvent se mettre en œuvre progressivement à partir de 2027, il y a une période de ralentissement temporaire des transferts pour les deux prochaines années, grâce au rebond économique post-pandémique et à la réforme fiscale de 2022 ; et, comme il y a six débats sur huit, une fois approuvé, il y aurait du temps pour le réglementer et le mettre en œuvre. Ne pas l'approuver reviendrait à relancer une crise que nous avons déjà connue au cours des cinq dernières années et à apporter la modification en deux ans, mais dans la précipitation et pour combler les lacunes.
Les représentants de la Chambre ont la plus grande opportunité au cours de ce quadriennat d'entrer dans l'histoire, mais ils n'en profiteront qu'en fixant des priorités et en acceptant que donner la même chose à tous les intérêts alors qu'il y a tant d'inégalités, c'est éterniser l'injustice.
Et à ceux qui pensent que cette nouvelle opportunité de décentralisation échouera et que « c'est un mal mieux connu que… », je rappelle qu'en ce qui concerne l'éducation de base, lorsque les territoires aux financements minimes l'ont assumé, ils ont donné mieux résultats que lorsque La Nation a essayé de tout résoudre depuis les bureaux ministériels. Lors du débat au Sénat, nous en avons fourni la preuve, comme le montre l'enregistrement vidéo suivant de cette séance.