Une association demande de séparer la juge constitutionnelle Laura Díez de la sentence sur les lois sur la langue catalane

L’Assemblée pour une école bilingue (AEB) a présenté ce mercredi une demande de récusation contre la nouvelle magistrate de la Cour constitutionnelle Laura Díez, afin de la destituer ou de s’abstenir de participer aux décisions prises sur la législation du gouvernement de Catalogne en ce qui concerne l’utilisation des langues officielles dans les écoles catalanes. Ce magistrat, qui est venu au tribunal en décembre dernier sur proposition du gouvernement, a été nommé rapporteur de deux recours présentés par PP et Ciudadanos contre deux lois – l’une de l’exécutif catalan et l’autre du Parlement – avec lesquelles les autorités catalanes tentent pour se soustraire à l’application de la peine qui oblige à enseigner au moins 25% des matières en espagnol. Lorsque ces lois ont été approuvées en Catalogne l’année dernière, Laura Díez était membre du Conseil des garanties légales de la Generalitat, un organe consultatif de la Generalitat.

L’AEB n’est pas impliquée dans ce recours, mais il s’agit d’un autre directement lié : la question d’inconstitutionnalité que le Tribunal supérieur de justice de Catalogne (TSJC) a soulevée devant le Tribunal constitutionnel, estimant que la nouvelle législation catalane encourue en « fraude de loi » et qu’il a seulement essayé de contourner la sentence sur le castillan. L’association de défense du bilinguisme demande que Díez soit séparé de la délibération de cette deuxième initiative, celle du TSJC, mais considère que, par extension, il devrait s’abstenir de participer à tout ce qui touche à la même affaire. Il fait valoir que la magistrate était aujourd’hui vice-présidente du Conseil des garanties légales de la Generalitat et que, dans ces fonctions, elle a participé à l’émission d’avis favorables sur les deux lois actuellement contestées.

Les rapports de l’organe consultatif de la Generalitat auquel Laura Díez a participé, approuvant les deux lois régionales sur l’utilisation des langues à l’école, sont l’avis 3/2022, du 7 juin, sur la proposition de loi sur l’utilisation et l’apprentissage des langues officielles dans l’enseignement non universitaire; et avis 4/2022, du 20 juin, sur le décret-loi 6/2022, du 30 mai, qui établit les critères applicables à la préparation, l’approbation, la validation et la révision des projets linguistiques des centres éducatifs.

L’AEB soutient que l’article 219.13 de la Loi Organique du Pouvoir Judiciaire établit qu’est cause d’abstention ou de récusation « le fait d’avoir occupé une charge publique, occupé un emploi ou exercé une profession à l’occasion desquels ils ont participé directement ou indirectement à la l’affaire qui fait l’objet de la poursuite ou la cause qui s’y rapporte. L’association considère que la magistrate l’encourt, « étant donné qu’elle a participé au processus d’élaboration et d’approbation des normes faisant l’objet de la question d’inconstitutionnalité ».

Parallèlement, l’AEB a rappelé la teneur des allégations qu’elle a présentées devant la Cour constitutionnelle sur les deux lois. Le principal est que la doctrine constitutionnelle sur le caractère officiel des langues a établi comme principe que l’espagnol et les langues co-officielles, en l’occurrence le catalan, doivent être des langues « utilisées dans l’apprentissage ». Ce principe, ajoute l’association dans un communiqué, n’est pas respecté dans le décret-loi et la loi approuvés par le gouvernement et le parlement, car les deux textes donnent « la préférence au catalan par rapport à l’espagnol (et à l’aranais) ». Et il considère que « cette différence de traitement entre les langues officielles est inconstitutionnelle ».

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L’AEB souligne le critère selon lequel « le décret-loi 6/2022 et la loi 8/2022 sont promulgués avec l’intention expresse d’éviter l’exécution de l’arrêt TSJC du 16 décembre 2020 qui établit la nécessité d’au moins 25% de l’enseignement est enseigné en espagnol dans les écoles catalanes ». Dans les allégations, il est ajouté que « la jurisprudence de la La Cour de Strasbourg confirme que le pouvoir de légiférer ne peut être utilisé pour priver les citoyens des droits qui leur ont été reconnus par une condamnation », et que la doctrine constitutionnelle coïncide avec celle de la Cour de Strasbourg, « pour laquelle, sur cette base, il est une autre raison de l’inconstitutionnalité de la loi 6/2022 et de la loi 8/2022″.