Les enseignants continuent d’être au centre des politiques éducatives. Un cliché éculé affirme que la qualité de l’école a son plafond dans le niveau de formation de ses professeurs. L’équation semble simple et même naturelle : plus on y prépare, meilleurs sont les résultats scolaires. Ce n’est plus une demi-vérité. Mais dans l’éducation, tout n’est pas noir ou blanc.
La formation initiale des enseignants est régie par un règlement central dont l’application correspond aux universités, avec peu de marge de manœuvre dans les plans d’études : les contenus balisés. De plus, la précarité de l’emploi du personnel enseignant universitaire, qui atteint des niveaux dangereux dans certaines facultés d’éducation, toujours bien au-dessus d’autres domaines académiques, ne l’accompagne pas. Si l’on ajoute à cela la concurrence souvent déloyale qui s’exerce sur le marché espagnol de la formation initiale, les choses se compliquent, notamment avec la récente prolifération d’universités d’excellence douteuse. Nous avons le thermomètre pour mesurer cette qualité dans les écoles qui reçoivent des stages, et beaucoup de ces universités ne s’en sortent pas bien. Allons enquêter là-bas. Comme dit, une demi-vérité.
Dans ce cadre peu favorable, l’université profite des failles du système pour lancer de nouvelles propositions, avec des mesures qui réglementent l’accès aux études. Le principe est clair : il faut sélectionner les meilleurs jeunes ; Tout le monde n’est pas apte à ce métier. Cependant, au nom de la quantité, la qualité est soumise : puisque les effectifs ne suffisent pas à maintenir l’activité, les obstacles doivent être éliminés et tout le monde peut y accéder ; le système ne le remarquera pas. A cela, les administrations détournent le regard et continuent de s’accorder par le bas. On dit même que tant de disparités n’est pas bonne et qu’il faut sauver la patrie de l’éducation avec des mesures de recentralisation. Même des intellectuels de premier plan proposent que la formation des enseignants soit la tâche exclusive des écoles, puisque les universités ont démontré leur inutilité flagrante. Les plus modérés proposent de désapprendre ce qu’ils ont appris à l’université. Une absurdité sur une autre. Le plafond de la qualité de l’enseignement réside davantage dans le degré d’intervention abusif et obsessionnel des autorités que dans la préparation de ses enseignants.
A ce stade, il convient de situer le rôle de chacun. Il est tout à fait dangereux que le gouvernement ait le droit exclusif de décider quelle est la fonction d’enseignement. L’enseignement universitaire doit assumer l’autorité conférée par la recherche pour définir, avec les acteurs sociaux, ce qu’est le métier d’enseignant. Et l’école sert à clarifier les choses et à descendre sur le terrain : le métier s’apprend à l’université et le métier s’acquiert à l’école. Il n’y a plus rien. Entre Bartleby et Godot : entre je préfère ne pas le faire et espérer je ne sais quoi. Telle est la situation de la formation initiale des enseignants en Espagne.
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